Du sensible que l’on retrouve parcourir les scènes du quotidien de sans-abri, dans une série plus intime, "photographiés comme si j’étais un passant qui s’interroge, traversé par le refus, l’empathie ou la peur…" Des images sous forme d’uppercut, laissant interdit au sortir de l’exposition, partagé entre la colère et l’amertume." Je
n’ai pas le sentiment de faire avancer quoi que ce soit, mais j’essaye
de sensibiliser, une invitation à sensibiliser afin de trouver une
réponse, résume l’artiste autodidacte, installé à Pujaut.
Nous sommes dans une société du constat, qui semble désactivée par la
force de la finance maligne. Une inertie qui ne m’empêchera pas de
continuer à photographier, à être prêt pour le hasard. |
![]() Gilbert Scotti Midi Libre le |
Il photographie les femmes Gilets Jaunes sur les ronds-pointsLe photographe, Gilbert Scotti, que l’on pourrait
qualifier de photographe social, s’invite sur tous les ronds-points,
depuis le 17 novembre dernier, et principalement sur celui des Angles,
sur la RN100. Un livre sur les compagnons Emmaüs avec le soutien de la fondation Abbé Pierre, un livre intitulé à fleur de peau révèle une collection de trente-neuf portraits des compagnons Emmaüs, que l’artiste a capturés pendant de nombreuses semaines de cohabitation.Gilbert Scotti a eu envie de réaliser des portraits de ces nombreuses femmes présentes sur les barrages, et a décidé de les rencontrer et les photographier battant le pavé. Il dit avec émotion "qu’elles représentent la France oubliée, souvent les premières à souffrir du faible pouvoir d’achat dans ce monde où l’on ne vaut que pour ce que l’on peut dépenser". Toujours attiré par le portrait sociologique, le photographe, dans une démarche réaliste, décide de partager le quotidien de ces femmes sur les lieux mêmes de leurs revendications d’égalité sociale, et de grande préoccupation pour l’avenir incertain de leurs enfants. Il les photographie comme des actrices importantes du mouvement, mais toujours dans un rituel de complicité et de simplicité. Un travail d’une grande richesse, avec l’espoir de leur dédier un livre, une expérience humaine pour un photographe au grand cœur. |
![]() Gilbert Scotti entouré de l’élue, du président de la communauté d’Arles, du directeur régional de la fondation et des compagnons arlésiens. Photo S.B. |
L'art de continuer le combat Entamée l’an dernier avec une série
de portraits de compagnons réalisés par Gilbert Scotti, la contribution de la fondation Abbé Pierre
durant les Rencontres d’Arles prend une nouvelle ampleur à l’occasion
du 60e anniversaire de l’appel de l’abbé Pierre : trois expositions
jusqu’au 19 juillet présentées hier par le président régional de la
fondation Fathi Bouaroua. Pour lui les questions du sans-abrisme et de
la grande pauvreté ont une place dans l’événement international : «
c’est un moyen de sensibiliser pour que l’on continue de connaître
l’abbé Pierre dans dix ans, un travail de mémoire autour de ceux qui
portent les valeurs de solidarité par le vecteur de l’art qui touche le
sentiment ».
Le vernissage s’est déroulé hier dans les locaux de la
route des Saintes-Maries-de-la Mer en présence du président de la
fondation Abbé Pierre Raymond Etienne et de Laurent Desmart, le dernier
secrétaire de l’Abbé Pierre. Korganow, Doisneau, Cartier-Bresson ont
immortalisé le combat de l’abbé, tandis que sur les bâtiments, les
grands tirages de Gilbert Scotti montrent des SDF pris sur le vif à
Paris, Marseille, Montréal ou Barcelone:
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« je suis sans illusion sur la portée de mes images , j’ai la crainte d’alimenter cette société de constat où l’accumulation d’informations finit par nous désactiver, face à cette bombe à destruction massive qu'est la finance maline qui domine ce monde » a-t-il déclaré, à l’heure où « le confort de tous apparaît de plus en plus comme une situation précaire qui ne présage rien de bon ». La maire adjointe aux associations Florence Rivas a mis en valeur l’utilité de ce « témoignage comme quoi la culture peut servir des causes, quand des personnes qui ne se sentent pas concernées sont poussées à faire des choses qu’elles n’osent pas faire, regarder sans crainte, voire être touchées ». Sébastien Besatti |